Les portes sont des plans verticaux, elles s’apparentent immédiatement à la planéité verticale de tableaux et à leur disposition.

Les deux premiers numéros de la série sont des portes d’ascenseurs de ce qui fut le premier immeuble des bureaux de Rockfeller au N° 26 de Broadway, dans le financial district de Low Manhattan.

Ils portent donc en relief le chiffre 26. Voilà qui les associe aux portes de coffres forts et aux tableaux de cotation de la bourse.

Leur surface grise, de métal brillant, reflète vaguement la lumière extérieure qui vient  l’entrée de l’immeuble. 

Les numéros 3 et 4 présentent deux doubles portes de monte-charges qui se ferment horizontalement par le milieu. Chacune présente est un double plan de tôle noire, quadrillée, bosselée par l’usage dont la surface accroche la lumière offrant à l’œil la matière d’un tableau chargé d’une forte énergie.

Au-delà de ce qu’évoque l’objet, ce qui est visé et ce qui se révèle, c’est la puissance factuelle de cette surface qui, par sa matière saisie dans la lumière -et par la lumière- réunit les qualités plastiques qui font l’intérêt de la peinture et de la sculpture réunies.

La photographie fait ici passer au second plan la lecture d’un sujet, pour mettre en avant la structure d’un champ pictural.

Quant au N° 6, il se présente comme un tableau en trois volets, encadré, dont les reflets sombres laissent tout loisir à l’interprétation d’un paysage aquatique et crépusculaire.

Cette pièce offre donc, à l’instar de nombreuses œuvres de Philippe Gronon, deux aspects simultanés et antagonistes : La réalité brutale d’un objet industriel et la possibilité de le lire sous un angle onirique.

(Lorsque, comme pour le N° 8, l’objet s’avère stylistiquement trop baroque, son aspect décoratif prend le dessus. L’intérêt de la photo devient alors plus documentaire et l’on est intrigué par cette porte de métal industriel qui, dans un esprit très New Yorkais (on pense aux plaques de plafond qui ornent encore bien des lofts), s’efforce de reproduire les charmes d’une ébénisterie des siècles passés.